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Indépendance et Conflits d’intérêts

par Bertrand Verfaillie

Indépendance et conflits d’intérêts

Le débat n’a pas épuisé toutes les questions sur les conflits d’intérêts et a même oublié d’en creuser quelques-unes. Mais il a permis à un public varié d’approcher, par le concret, un phénomène préoccupant.

Thomas Legrand, journaliste politique à France-Inter, a cessé ses fonctions de chroniqueur aux Inrockuptibles, le jour où Audrey Pulvar a pris la direction de la rédaction du magazine. "Il me semblait qu’on ne pourrait plus traiter correctement d’Arnaud Montebourg, son compagnon. Ca ne me semblait plus praticable". Daniel Schneidermann, directeur du site "Arrêt sur Images", pense qu’on accorde trop d’importance à ces confits d’intérêts liés aux relations affectives. "A partir du moment où les choses sont dites et sues, une grande partie du problème disparaît". Non, c’est une "question de principe", répond Jean Quatremer, journaliste à Libération : "Soit je m’interdis une relation, soit je change de métier ou de façon de l’exercer".
"Ces histoires de couple ne sont-elles pas l’arbre qui cache la forêt des connivences ?", demande une dame dans la salle. L’interpellation oriente le débat vers d’autres domaines journalistiques (l’économie, le sport, la culture) et d’autres pratiques "à risques" (les "ménages", les voyages de presse, les cadeaux). Au fil de la discussion, des bouts de remèdes sont évoqués : le "off" bien géré, le déport (refus de traiter d’un sujet dans lequel on est impliqué), la déclaration d’intérêts à l’embauche dans un média.
Patrick Eveno, historien de l’information, rappelle que la presse d’autrefois n’échappait pas aux petits et grands arrangements avec le pouvoir et l’argent. Mais l’affaiblissement économique de nos médias contemporains en fait des terrains fertiles pour des conflits d’intérêts.
A côté des principes déontologiques individuels, il faut des chartes et des codes, auxquels les journalistes, comme le public, puissent se référer. L’auto-régulation, ça ne marche pas, conclut en substance Jean Quatremer. "Pourquoi notre profession resterait-elle la seule à ne pas avoir de règles de conduite, ni d’instance, de type conseil de presse, pour en contrôler l’application ?". L’observatoire de la déontologie de l’information, qui vient d’être créé par des journalistes et des représentants de la société civile, est une pierre sur cette voie. Blanche, la pierre ? On verra à l’usage...

Toujours en ligne le livret édité par l’Alliance internationale des journalistes : "Le tien du mien : regard sur les conflits d’intérêts dans l’information". http://www.alliance-journalistes.net/article184.html

Date de publication 21 novembre 2014
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