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Evénement / Débat
Régulation des médias

Assemblée 2007 Edinburgh

Note de synthèse sur la 9ème réunion de l’AIPCE

par Manola Gardez

La 9ème rencontre de l’AIPCE s’est tenue les 20 et 21 septembre 2007 à Edinburgh, Ecosse.
Manola Gardez et Nathalie Dollé y représentaient l’APCP (Association de Préfiguration d’un Conseil de Presse).

Qu’est-ce-que l’AIPCE ?

L’Assemblée des Conseils de Presse Indépendants d’Europe (AIPCE) est un réseau informel qui depuis 9 ans se retrouve régulièrement pour se donner un temps de réflexions et d’échanges autour des activités respectives de ces Conseils de Presse.

Les participants de ces assemblées annuelles sont, le plus souvent, les responsables hiérarchiques ou opérationnels des Conseils de Presse existants. Malgré son intitulé cette assemblée accueille aussi des membres de CP du monde entier sur simple demande.

La 9ème réunion

C’est ainsi que cette année, par exemple, étaient réunis 51 représentants de 25 pays dont 7 non européens.

Du plus ancien, le CP de Suède créé en 1916 (mais ouvert au public seulement en 1969) au plus récent, le CP d’Irlande qui venait de voir le jour un mois auparavant et qui n’avait même pas encore d’adresse ni de téléphone, toutes les institutions représentées se rencontrent sur un pied d’égalité. Aucune hiérarchie, aucun jugement de valeurs, aucune comparaison entre les formules ou les méthodes adoptées par les uns ou par les autres.

Il s’agit réellement d’une assemblée de personnes réunies par des activités et des préoccupations similaires et dont l’unique enjeu demeure l’échange d’expérience. Cet état d’esprit, qui nie les rapports de pouvoir, peut sembler une évidence mais n’est en fait pas si fréquent .

Les échanges

Il est apparemment dans l’habitude de ces rencontres annuelles de présenter les travaux de l’année écoulée mais aussi de reprendre les grandes lignes stratégiques menées par chacun des CP. Ces rapports généraux, le plus souvent descriptifs et chiffrés, nous ont permis de distinguer les différents choix nationaux : composition, nombre de membres ou personnes impliquées, statuts juridiques, types de supports médias pris en compte, reconnaissance nationale, poids sociétal, impact sur la profession, etc.
Même si tous les intervenants n’évoquaient pas l’ensemble de ces critères, les questions pouvaient évidemment être abordées en tête à tête et en dehors des sessions de travail.
Certains participants réguliers de ces assemblées ont également approfondi des éléments spécifiques : le CP allemand par exemple a été attaqué en justice (c’est une première ; peut-être le CP français devrait-il anticiper et se prémunir contre une telle situation ?) ; les difficultés de construction du CP en Bosnie-Herzégovine dans un pays encore en crise ; les difficultés financières de certains CP non subventionnés ; les marges de manoeuvre face à la rapidité d’affichage et de diffusion sur internet, ou encore la nature des plaintes les plus fréquentes, etc.

Les exercices

Deux sessions pratiques ont été organisées autour du “respect de la vie privée” et du “traitement médiatique des suicides”.
Le problème de célébrités dont la vie est étalée dans la presse "people" est évidemment le thème de nombreux dossiers déposés auprès des CP. Caroline de Monaco a été un exemple largement débattu puisque sa présence dans de nombreux européens faisait que plusieurs CP ont été confrontés au même dossier mais sous des formes différentes.
L’intérêt de ce débat était évidemment de noter l’ampleur de ce que l’on nomme "l’information d’intérêt général".

Le thème des suicides a été traité sous forme d’exercice pratique : un dossier présentant plusieurs "papiers" de pays européens était analysé par petits groupes. Il a été intéressant de noter que d’une part les groupes étaient le plus souvent unanimes et que d’autre part leurs avis étaient négatifs quant à la possibilité de publier de tels articles. Tous les articles présentés dans le dossier avaient fait l’objet d’une plainte au CP national et à 80% les avis avaient également été négatifs. Cependant les articles les plus "criants" et qui avaient suscité un rejet massif et sans appel de la part des participants, avaient en revanche été soutenus par le CP local.

L’intérêt d’un tel exercice portait sur la mise en évidence de valeurs et de normes très similaires (pour ne pas dire communes) entre tous les participants malgré l’éloignement géographique et les contextes culturels différents. C’est plutôt rassurant.

La perception de la France

L’attitude générale envers nous a été très positive. Il y a une vraie impatience pour la création d’un CP en France.
La situation de refus de la profession française est méconnue et même après explication les gens se demandent pourquoi les journalistes sont aussi frileux face à une institution dont le bien fondé n’est plus à prouver, pas même auprès de la population de leur pays.
Une jeune française travaillant pour l’OSCE nous disait ses difficultés à convaincre certaines démocraties émergentes de se doter d’un CP, précisément à cause de la France qui reste un modèle constitutionnel pour quelques-unes d’entre elles.
La participation de Claude-Jean Bertrand à plusieurs de ces assemblées annuelles avait marqué les esprits : il était virulent dans son combat et défendait le concept avec force. Son décès le dernier jour de la réunion a été ressenti avec une profonde tristesse.

Les apports de cette assemblée

Comme toujours, la rencontre physique est inestimable ; il nous sera dorénavant tellement plus facile de joindre les gens qui font vivre les CP dans tous ces pays.
C’est évidemment lors de moments informels que les contacts se font.

Face aux habituels questionnements ou doutes émis autour de nous en France quand nous évoquons l’APCP, nous avons été marquées par le fait que :
- il n’existe aucun complexe de légitimité : les CP ont le mérite d’exister et aucun ne semble souffrir de telles remises en question dans leur pays.
- il ne semble pas y avoir non plus de souci quant à la légitimité des modes de désignation des membres des CP existants. De nombreuses "formules" étaient représentées et aucun CP ne semblait subir de critiques à ce sujet.

Les éventuelles interactions futures

Nous pouvons être sûrs du soutien inconditionnel de l’ensemble des CP existants. Tous nous l’ont dit, tous attendent l’annonce de la création d’une telle structure en France.
Certains participants nous ont même affirmé leur disponibilité pour répondre à nos questions, apporter leur expérience, quitte à se déplacer s’il le faut (se fut le cas notamment des représentants des CP belge, luxembourgeois et suisse -malgré la proche retraite de ce dernier-).

La thématique centrale de la responsabilité qui traverse les travaux tant de l’APCP que de l’alliance internationale de journalistes, trouve évidemment un écho favorable qui devrait être développé dès que possible.

De façon plus anecdotique mais qui révèle l’importance de la connaissance mutuelle : plusieurs d’entre eux ont répondu à l’invitation de participer au Forum Chine-Europe qui s’est tenu quelques jours après cette assemblée.

Date de publication 23 octobre 2007
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