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Analyses / études
Exercice du métier

Les éditeurs suisses lancent leur propre carte de presse

Article paru dans "La Liberté" du 21 février 2006

par Christian Campiche

Article paru dans "La Liberté" du 21 février 2006

Les éditeurs suisses veulent-ils affaiblir les organisations faîtières de journalistes « impressum » et « Comedia » ?
Réunis au sein de l’association Presse Suisse, les premiers s’en défendent. Reste qu’en proposant leur propre carte de presse aux journalistes romands, les éditeurs ne font rien pour dissiper un malaise qu’amplifient des événements récents tels que la dénonciation de la Convention collective de travail.

Partie il y a dix ans de Suisse alémanique, l’offensive atteint désormais les rives du Léman. Dans un courrier aux accents suaves adressé le 12 janvier dernier aux rédacteurs en chef des journaux romands, Alfred Haas, secrétaire général de Presse Suisse, ne se gêne pas de vanter les mérites du nouveau coupe-file. La « carte de Presse Suisse » coûte 80 francs par année et accorde à ses bénéficiaires des réductions de prix auprès de trois entreprises, les maisons Mobility, Orange et Apple.

En comparaison, la carte de presse « d’impressum » coûte en moyenne 350 francs. Garante d’une formation ou d’une expérience professionnelle correspondant aux critères définis par la Déclaration des devoirs et des droits du journaliste, elle est aux gens de la profession ce que le triple A est aux employés de banque. Mais les avantages que les entreprises accordent aux titulaires de la carte se sont réduits au fil du temps, même si les associations ont trouvé de nouvelles prestations pour leurs membres. Quant à celle distribuée par « Comedia », elle vaut encore plus cher : 650 francs. Le résultat est patent : outre-Sarine, 500 journalistes, soit près de 10% de l’effectif « d’impressum », sont déjà détenteurs de la carte de Presse Suisse.

Cette fois, la réaction « d’impressum », qui regroupe 5500 adhérents, ne s’est pas fait attendre. Dans une lettre salée adressée à Presse Suisse le 6 février dernier, le secrétaire central Mathieu Fleury ne se contente plus de comparer le nouveau laissez-passer à une carte Cumulus. Il demande carrément aux éditeurs de renoncer à leur démarche, laquelle affaiblit en substance le registre professionnel des journalistes et la reconnaissance dont il jouit dans le public. « Impressum » souligne en particulier que la nouvelle carte ne fait aucune référence à l’éthique, alors que celle-ci constitue la pierre angulaire de la carte de presse délivrée par les associations professionnelles.

Du côté de « Comedia », le ton n’est pas différent. « C’est une carte de rabais » raille la secrétaire centrale (secteur presse) de « Comedia », Stéphanie Vonarburg, interrogée à la fin janvier par notre confrère « Le Courrier ».

En plus le terme « Carte de Presse Suisse » ne joue-t-il pas aussi avec les mots en laissant croire au non-initié qu’il est le sésame unique de la profession ? Aux membres des médias qui le pensent sans rire du tout, Alfred Haas répond : « L’intitulé de la carte reprend notre raison sociale Presse Suisse. Il s’agit donc bien de « notre » carte. Notre raison sociale n’entraîne aucune confusion (...) »

Peu de chances que ces propos rassurent véritablement les responsables des organisations professionnelles. Car du côté de Zurich, le ton ne laisse pas planer d’ambiguïté. Membre de la direction de Schweizer Presse, pendant alémanique de Presse Suisse, Hanspeter Kellenmüller est même étonnamment direct quand il déclare : « Notre carte joue avec les mots ? Mais c’est super ! Où est le problème si notre carte répond à un besoin et que certains journalistes ne sont pas contents des prestations de leur syndicat ? »

Date de publication 22 février 2006
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