Les journalistes et les gens.

Selon le Larousse, les gens sont « les personnes en nombre indéterminé ». Aucun mépris, évidemment, dans ce qualificatif de « gens » ; aucune opposition par rapport aux journalistes qui sont aussi des gens. Plus largement, par « gens », nous désignons les citoyens et les citoyennes, ceux et celles qui nous écoutent, nous regardent, nous lisent.
Mais aussi tous ceux qui ne nous écoutent pas ou plus, ne nous lisent pas ou plus, ne nous regardent pas ou plus ; ceux qui nous adorent, ceux qui nous détestent, ceux qui nous ignorent, ceux qui nous défendent, ceux qui nous attaquent. Mais aussi ceux dont on parle tout le temps, ceux dont on ne parle pas assez, ceux à qui on donne la parole, trop, pas assez, comme il faut ; ceux à qui on ne la donne pas.

Parler aux gens, parler des gens, parler avec les gens ; tel est notre objectif ici.

« L’esprit humain, s’il aime naviguer, se lasse assez vite de flotter. D’où la question récurrente : alors, ces nouveaux journalistes, "shivas or not shivas", pour reprendre l’une de leurs nombreuses étiquettes ? Voire… sherpas or not sherpas ?
Pas si simple, tout comme le dieu hindou auquel ils sont assimilés par ironie : les quatre bras du yogi étant censés leur permettre d’écrire, de twitter, de faire une vidéo, du son, une photo, voire
d’animer une communauté ! »

« A l’heure où il serait à la fois indécent et redondant de revenir sur les mutations des métiers et du secteur économique de la presse, une réflexion sur les réseaux sociaux impose des interrogations sur les répercussions concrètes dans le travail quotidien des journalistes, mais aussi une mise en cause d’implicites qui n’étaient sans doute plus assez interrogés, un questionnement sur les aspects éthiques et déontologiques, sur les relations renouvelées et jamais plus figées entre le journaliste et ses sources, son public, ses partenaires, son média lui-même. »

Si l’ouvrage de l’ancien secrétaire d’État, Martin Hirsch, a fait quelque bruit, ce livret de Bertrand Verfaillie vient en compléter un pan entier, et pas des moindres.

Si l’obtention du statut de journaliste a fait l’objet d’une longue lutte, ce métier a fini par gagner sa légitimité et même une position très respectée.
L’équipe, rapidement devenue la rédaction, a-t-elle été d’emblée une collectivité ou une somme d’individualités ?

L’Alliance internationale de journalistes et l’IRE (Initiative internationale pour repenser l’économie), toutes deux partenaires de longue date de la Fondation Charles Léopold Mayer (FPH), ont constaté que les révolutions en cours dans le monde des médias -et notamment la remise en cause brutale des modèles économiques existants- sont en train de créer des conditions nouvelles d’exercice de la profession de journaliste. A partir de ce constat ces deux associations ont voulu évaluer si internet et les nouvelles technologies constituent un simple renouveau du support à l’information ou si, à l’inverse, elles portent en elles le germe d’un nouveau modèle économique, d’un nouveau rapport entre les journalistes et les citoyens ou encore d’une nouvelle régulation de l’information. Car on peut légitimement prévoir que ces nouvelles conditions économiques auront un impact sur la gestion des questions d’éthique et de déontologie.

Les journalistes Philippe Couve et Nicolas Kayser-Bril viennent de publier ce rapport, présenté lors des Assises internationales du Journalisme et de l’Information à Strasbourg, le 17 novembre 2010. A télécharger ci-dessous ou sur le site de Philippe Couve : "journaliste entrepreneur".

"L’âge d’or de la transmission des savoir-faire et des savoir être relève-t-il du mythe ? ... L’idée d’une culture d’entreprise est de retour."

« Ce livret ne prétend pas attribuer de bons ou de mauvais points mais eu contraire resserrer les liens communs à une même profession, qu’elle soit exercée à Pise, Tunis, Shanghaï, Bahia, Boston ou Montréal. Alors que le secteur cherche à s’inventer un avenir (...), il nous est simplement apparu intéressant d’aller voir "ailleurs". »

« (...) [Pouvoir] bénéficier dans une formation de ce qui nous manque le plus au travail : du temps pour réfléchir à notre profession et aux critères d’une information de qualité, ou encore aux codes d’éthique qui ne sont pas des recettes miracles mais qui sont indispensables à notre pratique... »

André Loersch, journaliste et formateur

« Comme disait l’autre : le coût de l’ignorance est infiniment plus élevé que celui de la formation. »

Travail de mémoire de Zoé Dardel soutenu en août 2008 à l’université de Lausanne, sous la présidence du Professeur Suren Erkman, journaliste scientifique.
L’alliance internationale de journalistes a suivi ce travail de maîtrise et était représentée par Nathalie Dollé dans le jury de soutenance.

Zoé Dardel fait œuvre de pionnière en consacrant son mémoire à une étude sur le développement durable et la presse écrite. Entre idéal de société et stratégie d’entreprise, entre des cadres normatifs qui pourraient paraître trop étroits et au contraire le flou de l’expression « développement durable », entre la presse comme industrie et la presse comme vecteur de contenu, le défrichage n’était pas évident. Ce travail présente le grand mérite de dessiner des contours, de recenser quelques réflexions et actions pertinentes, de proposer des pistes qui restent à explorer et d’émettre quelques propositions constructives.

« Les conseils de presse servent à protéger la liberté de la presse, et à protéger le public des abus de cette liberté ». Sir Robert Pinker (Press Complaints Commission, Grande-Bretagne)

« L’expérience des médiateurs constitue une forme de test tout à fait décisif quant à la volonté des entreprises comme de la profession, de vraiment (...) traiter la question de l’éthique professionnelle comme celle de la reconnaissance du public (...) en tant qu’interlocuteur naturel... » Jean-Marie Charon, sociologue des médias.

« "Les sociétés de journalistes, c’est dingue qu’il n’y en ait pas partout !" …, piquée au détour d’une conversation avec l’un de leurs chauds partisans. »

Préambule :
La presse est en pleine crise de mutation, bousculée dans son économie comme dans ses missions ; le contexte désorganisé peut permettre de repenser son rôle et sa fonction sociale.
Imaginer une presse responsable consiste à la faire entrer dans une dynamique où elle revient à ses fondamentaux et où elle construit de nouvelles alliances.

La qualité de l’information sera sans doute l’une des voies les plus exigeantes pour la survie et le développement du secteur des médias en appui à la démocratie.

Les journalistes peuvent dans un premier temps redéfinir entre eux leur métier de base dans des espaces déontologiques qui rappellent les règles professionnelles. Salariés de groupes aux multiples activités, ils vont devoir inventer des relations avec leurs employeurs actionnaires dans un objectif convergent : la bonne santé du support de presse.
Plus ambitieuses encore seront les relations à nouer avec le public, citoyen et consommateur à la fois. Des espaces éthiques se dessinent pour faire entrer dans la sphère médiatique toutes ses parties prenantes.

Une presse responsable ne pourra s’esquisser que dans le rassemblement dynamique des codes corporatistes et des apports de l’entreprise comme des lecteurs/ auditeurs/ téléspectateurs.